Une nouvelle année s’offre à nous

Après une semaine dans les Alpes où les paysages magnifiques servaient de cadre aux joies de l’éducation – 16 jeunes qui se formaient pour être animateurs – j’avoue ne pas avoir ressenti une grande hâte à retrouver la grisaille parisienne… Mais, home sweet home, ce fut rapidement une vraie joie de revenir « à la maison » : revoir depuis dimanche les visages des uns et des autres, retrouver cette église qui m’est déjà très chère, se replonger dans cette belle communauté,… tout cela constitua un véritable baume qui rend le retour agréable et apporte beaucoup d’enthousiasme pour cette rentrée.

Joie supplémentaire, les travaux sont quasiment terminés et le résultat est plutôt agréable. Un simple couloir rénové et c’est presque tout le presbytère qui en est illuminé (voir le petit aperçu en photos).

Nous reparlerons des travaux, ce couloir illustre surtout ce que j’espère pour cette année : rendre peu à peu nos murs accueillants, chaleureux. Que l’on soit heureux de s’y retrouver, que l’on ait envie d’y inviter un voisin ou un ami, que l’on puisse y passer comme ça, juste pour dire bonjour, parce qu’on se sent chez soi, parce que c’est notre maison. Cela demandera du temps, « un peu » d’huile de coude et quelques heures de bricolage, mais on se sentira encore plus « chez nous » quand on aura mis soi-même un coup de pinceau ou monté une bibliothèque. Nous avons beaucoup de chance d’avoir autant de salles, un bâtiment en bon état, sans même parler de la cour – miracle au milieu du béton parisien – notre responsabilité est de les entretenir et de les embellir. Et puisque nous avons la chance d’accueillir régulièrement beaucoup de monde dans nos salles, ce sera aussi un beau témoignage de charité de recevoir ces personnes dans des lieux agréables.

Bonne rentrée à tous, je vous redis ma joie d’être parmi vous.

P. Arnaud

Vive les vacances !

Chers paroissiens, chers amis,

Nous voici arrivés à la période estivale, période de vacances pour les enfants, parfois pour les parents. Période de transhumance pour certains qui rejoignent leur famille, une maison, une région habituelle. Période plus sobre aussi en paroisse où beaucoup d’activités comme le catéchisme, les formations du jeudi, les répétitions et les divers ateliers s’arrêtent. Période parfois plus amère pour certains, pour ceux qui n’ont pas la chance de partir, ceux qui continuent à travailler, ceux qui sont attachés au rythme de l’année, à telle ou telle activité. Qu’on se réjouisse ou qu’on s’inquiète de cette période estivale, il est bon de l’anticiper, d’y réfléchir et de savoir ce que l’on veut en faire.

Changer de rythme, s’arrêter peut s’avérer douloureux ou angoissant suivant les personnalités mais cela demeure nécessaire. Dès les premières pages de la genèse, le récit de la création aboutit au septième jour où Dieu marque une pause : “Dieu acheva au septième jour son œuvre qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite” (Gn 2:1-2). Mais ce que l’on traduit habituellement par “se reposa” est le mot hébreux Shabbat qui peut aussi être traduit de bien des façons : Dieu se reposa, Dieu s’interrompit, Dieu mit un terme, Dieu célébra,… autant de verbe qui traduisent Shabbat. Ainsi on comprend que Dieu n’est évidemment pas fatigué après son œuvre de création mais qu’Il sait s’arrêter pour contempler, se réjouir de ce qu’Il a fait et voir que tout cela est beau.

Tout cela peut déjà nous éclairer sur la façon de vivre ce temps d’été.

Il s’agit déjà de mettre un terme à une période, comme un met une borne pour délimiter un champ, afin de ne pas s’emballer dans une activité sans fin. Savoir appuyer sur le bouton pause, relever la tête du guidon pour voir où on est, le chemin parcouru. C’est aussi le sens du repos : se re-poser c’est se poser à nouveau. On a choisi un chemin en début d’année, une direction, une activité,… on se pose à nouveau pour regarder ce qui a été fait.

Cette pose et cette pause permettent une récréation : en arrêtant de s’agiter, de courir, de faire tourner telle ou telle question (comme un hamster dans sa cage), on va pouvoir créer à nouveau, re-créer. Comme un lac qui retrouve sa tranquillité le soir après le départ des baigneurs, nos pensées sont plus claires, plus limpides quand l’agitation cesse. Le fond du lac apparaît avec ses trésors de couleurs, de même la pause donne le temps d’un regard plus profond sur ce qui a été fait, une vue d’ensemble devient possible et nous pouvons, tout comme Dieu, voir ce qui a été bon. Et on a le droit de s’en réjouir, d’être fier du travail effectué. Le regard de Dieu est toujours bienveillant ; en épousant ce regard, on applique cette bienveillance sur la période passée, sur ce qui a été réalisé. Tout ne sera jamais parfait, ce serait de l’orgueil de le regretter mais tout peut acquérir du sens.

Ce temps estival sera alors l’occasion de célébrer ce qui a été fait, d’en faire mémoire, de le raconter, le partager. En rendant grâce à Dieu pour le chemin parcouru, pour les joies ou les simples sourires qui ont pu parsemer cette période, on verra qu’Il était présent, que ce qui a été semé n’est pas perdu. On pourra se re-poser en Dieu, renouveler notre confiance en Lui et ainsi apprendre à… dormir ! Dormir fait partie du repos et ce peut être aussi un bel exercice de confiance en Dieu. Charles Péguy, prêtant ses mots à Dieu, nous en montre l’évidence :

“ On me dit qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Qui ne dorment pas… Je les plains. Je leur en veux même un peu. Ils ne me font pas confiance. Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point, innocents dans les bras de Ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. Ils ont la vertu de travailler. Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir…. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.”

Bonnes et saintes vacances à tous, reposez-vous bien.

P. Arnaud

édito du mois de juin _ 9 mois…

9 mois.
C’est le temps nécessaire pour qu’un enfant vienne au monde, est-ce suffisant pour faire naître un curé ? Je ne sais pas, il faudra certainement encore quelques mois, voire quelques années, pour endosser pleinement cette belle mission. Toujours est-il que j’essaye de remplir ce rôle depuis neuf mois, j’ose donc un premier bilan.

Mon premier édito vous disait combien j’avais hâte de vous connaître, ce désir est toujours là : je crois qu’on n’a jamais fini de découvrir une paroisse. Et plus j’apprends à connaître les uns – à travers une rencontre personnelle, une invitation, une activité commune  –  plus j’ai envie de rencontrer les autres. Les prénoms rentrent peu à peu, les liens familiaux se tissent – celle-ci est la fille d’untel, celui-là l’époux d’unetelle – et le puzzle de l’histoire paroissiale se complète doucement. Je cartographie aussi notre quartier, par cercles concentriques : le marché, le parc, le côté Glacière, le coin des Gobelins que je découvre et le boulevard Arago au nord que je dois encore explorer. Tout cela me réjouit profondément, je suis très heureux de découvrir ces différentes dimensions de la paroisse et ce lien particulier d’un curé avec ses paroissiens. À défaut de pouvoir vous exprimer ce rôle si réjouissant du curé – c’est encore trop tôt, pas assez mûr – je peux vous en partager deux joies qui tenteront de l’illustrer. Deux joies du parvis.

D’abord le dimanche après la messe : c’est un temps précieux pour rencontrer les uns et les autres, pour prendre des nouvelles, entendre ce qui va et ce qui va moins bien. La difficulté est d’être présent à chacun, de me rendre disponible à ceux qui sont justement plus réservés ou plus pressés, mais c’est toujours un moment heureux, une occasion de mieux comprendre la paroisse. Mais il y a aussi le parvis de la semaine : ces 5-10 minutes, chaque jour après les laudes de 8h et avant la messe de 8h30 (du mardi au samedi !), où je croise le regard des habitants du quartier qui emmènent leurs enfants à l’école ou vont prendre leur métro. En aube devant l’église, je suis repérable, certains découvrent même qu’il y a là une église. On échange alors un regard rapide, on esquisse un rapide bonjour et peu à peu, jour après jour, on s’habitue et, sans encore se connaître, on se salue. Si certains évitent encore le regard –  dans ce cas, je salue leur ange gardien – beaucoup s’habituent et m’offrent un large sourire, heureux j’imagine de trouver un contact humain avant de s’engouffrer dans l’anonymat du métro. Là aussi, ce moment est l’occasion de “sentir” le quartier, de deviner joies et peines, stress ou espoirs et d’emporter tout cela dans ma prière en allant célébrer la messe.

Merci chers paroissiens de ces neufs premiers mois avec vous ; ce quartier et cette paroisse sont très beaux, je suis vraiment très heureux de servir ici.

P. Arnaud