C’est un bon réflexe de faire mémoire du passé avant de se lancer vers l’avenir, un peu comme le « contrôle rétro » avant de doubler : mieux savoir ce qu’il y a derrière nous pour prendre un nouvel élan. Aussi le regard du Père Hubert sur les 50 dernières années de la paroisse tombe à point pour ce début d’année. Une chose en effet est de constater que nous avons paroisse sympathique et chaleureuse, autre chose de découvrir que cette « communauté fraternelle » date, au moins, du père Souêtre. Il ne s’agit donc pas d’une heureuse coïncidence du moment, d’une bonne entente passagère mais cela relève de notre ADN. De même, constater au fil des ans, la « prise de responsabilité des laïcs » nous ancre dans le temps et l’histoire : là non plus il ne s’agit pas d’une mode ni d’une idée qui aurait émergée un matin dans la tête du Pape, c’est bien un mouvement de grande ampleur auquel nous contribuons.
L’histoire nous présente donc Sainte Rosalie comme une communauté fraternelle où les laïcs prennent leurs responsabilités. Comme curé au service de cette paroisse, je me réjouis profondément de développer ce charisme et de le déployer.
Concernant l’aspect fraternel, je crois beaucoup à l’importance des lieux, des murs dans lesquels on vit : pour être fraternelle, une communauté a besoin d’une maison chaleureuse. C’est ce que le père Lionel a initié avec la rénovation très réussie de l’église, le cœur de notre paroisse. Le conseil et moi-même poursuivons sur le presbytère avec la réfection du couloir, la peinture, la prochaine rénovation des salles au rez-de-jardin. Tout cela dépasse l’entretien matériel des locaux : il s’agit de rendre ces lieux accueillants, de transformer des salles de réunions (un peu lugubres) en une maison paroissiale chaleureuse. Ça ne fait pas tout, mais si nous nous sentons bien dans ces lieux, nous y passerons plus de temps, nous inviterons volontiers et l’ambiance qui naîtra sera naturellement évangélisatrice.
Quant à la responsabilisation des laïcs, cette évolution me tient fortement à cœur. C’est évidemment un mouvement en lien avec le synode actuel, écho lui-même d’une évolution qui se déploie depuis plusieurs décennies, mais il s’agit en fait de retrouver la vocation propre de chaque baptisé : « dans l’organisme d’un corps vivant aucun membre ne se comporte de manière purement passive, mais participe à la vie et à l’activité générale du corps » (Vat II). Parce que justement notre paroisse est un lieu fraternel, un lieu qui me tient à cœur, je m’y investis. Ce peut être par des gestes très simples (fermer la porte derrière soi pour préserver la chaleur), des aides ponctuelles (les divers services de la ToDo Liste) ou des engagements plus larges. Chaque fois, cela contribuera à la décléricalisation si nécessaire et permettra au prêtre de passer plus de temps à sa mission propre (je suis très très loin des 400 visites annuelles du père Hubert). Enfin, cela redonnera à chacun l’estime dont on a tous besoin : ce sentiment de participer, humblement mais réellement, à quelque chose de grand et d’utile.
Ce sont là mes vœux pour chacun de vous, pour notre paroisse, que « chacun selon la grâce reçue se mette au service des autres » (1 P 4, 10) afin d’y découvrir la véritable joie : servir c’est aimer en acte ! Bonne et sainte année !
P. Arnaud Mougin