Avent 2022 : un temps prophétique

Chrétiens, nous sommes les seuls à nous préoccuper d’une véritable préparation à Noël, ce très intense temps de l’Avent. Par le fait d’être ainsi à contre-courant, nous sommes prophètes, donnant du sens à cette fête de Noël où partage notre condition d’homme, Celui qui est la Lumière
du monde. Ce mystère est d’une grandeur infinie. Il faut nous
préparer à l’accueillir. Le temps de l’Avent est le temps de l’attente et cette attente n’a rien de passif ni de résigné, elle est préparation active, conversion de notre cœur pour avoir les dispositions nécessaires à l’accueil de notre Messie.

Il y a dans ce que nous propose l’Église et en très peu de temps, une progression extraordinaire : Le premier dimanche de l’Avent nous fait communier à l’attente de tous les hommes. Car tous attendent un renouvelle-
ment de leur vie, au-delà des frontières du peuple de Dieu. Quand se dissipent les clinquants de la fête païenne, on s’aperçoit que l’humanité tout entière aspire à la paix, au développement équitable, à un emploi stable, à la justice sociale, à une vie familiale épanouie, pour ne citer que ces quelques exemples. Prenons en compte dans notre prière, ces aspirations de tous les hommes qui sont bien évidemment les nôtres.

Le deuxième et le troisième dimanche de l’Avent nous centrent sur l’attente du peuple de Dieu, du peuple de l’Alliance. Israël, depuis plus de mille ans, attend un Messie, Roi juste et pacifique qui réalisera pleinement les promesses faites par Dieu à son peuple. En deux dimanches, la personne de Jean-Baptiste, rassemblant tous ceux qui veulent convertir leur vie, concrétise cette attente, en annonçant la venue imminente de ce Messie, comblant les aspirations du peuple de Dieu tout entier.

Le quatrième dimanche de l’Avent nous ouvre à la contemplation de ce qu’il y a de plus beau dans le monde. Il nous dit l’attente d’une seule personne, Marie. Et cette attente est d’un ordre différent de ce que nous venons de décrire.
L’Avent nous fait entrer dans l’intimité de Marie, attendant son Fils, méditant sur le sens de l’annonce qui lui a été faite par l’Ange Gabriel. Toute l’attente du monde est désormais en une seule personne, Marie, qui a accepté de porter cet enfant, de le faire naître et grandir, de combler ainsi l’attente d’un Messie véritable, Sauveur d’une humanité cassée par le péché.

Oui, faisons de cet Avent, un temps fort de notre foi et un témoignage prophétique de l’immense Espérance qui nous anime. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ! »

Père Hubert CAUCHOIS

Tous saints !

Ils sont nombreux, et même innombrables, ces saints que nous fêtons chaque 1er novembre, ils dépassent largement les 365 créneaux de nos calendriers. Chacun est unique ; chacun est ancré dans une époque, une culture, une spiritualité ; et chacun a quelque chose à nous dire de Dieu. Tous ils nous invitent, par l’exemple de leur vie, leurs écrits, leur martyr parfois, à recevoir et à vivre pleinement cette vie reçue de Dieu. Certains, comme la petite Thérèse, sont nés dans un environnement privilégié (un couple de parents saint et des sœurs qui allaient toutes se consacrer dans la vie religieuse…), d’autres ont connu des parcours plus tortueux (saint Charles de Foucault, saint Augustin, saint Paul, sainte Marie-Madeleine,…) mais tous nous invitent à les suivre.

L’Église nous les donne en modèle non pas pour récompenser les bons élèves et nous faire rougir de nos manques de foi, mais bien plutôt pour nous montrer que nous sommes tous appelés à la sainteté. S’il existe autant de saints et d’histoires particulières, uniques, si tous ces hommes et ces femmes de conditions diverses, d’intelligences très inégales sont devenus saints c’est qu’il n’y a pas une route unique ni un seul mode d’emploi. Impossible de se croire égaré, trop loin du chemin vers Dieu, pas assez ci ou trop comme ça : la diversité des saints nous montre qu’il n’existe pas de profil type, aucun portrait robot dont on pourrait se sentir éloigné : Dieu appelle qui Il veut, le casting est sans filtre.

 Tous saints ! Ça devrait donc être le mot d’ordre, la devise de chacune de nos paroisses et communautés. On ne peut pas choisir moins que la sainteté : c’est la voie du bonheur, la vie véritable. Mais c’est peut-être là que le bât blesse : on ne croit pas à ce bonheur. On envisage la sainteté comme quelque chose de très honorable, très beau sur le papier, mais (un peu) ennuyeux dans la réalité. À nouveau on met le saint dans une petite case où, une fois converti, il passe son temps à genoux à prier, sourire, dire oui à tout, bref une vie pas très drôle dont on n’a pas vraiment envie. Pourtant si nous parcourons quelques vies de saints nous verrons vite qu’ils gardent toute leur personnalité et leur caractère. Ils restent eux-mêmes mais choisissent de vivre pleinement. Ils quittent leur métro-boulot-dodo, ils refusent la vie restreinte qu’on leur propose pour choisir l’aventure d’une vie vécue, la joie du don, les grâces de l’amour. Les saints sont des gens heureux, d’un vrai bonheur qui n’a rien à voir avec ce que nous proposent les publicitaires.

Osons ! Tentons au moins la sainteté pour une semaine, pour un mois. Choisissons d’écouter la bonne nouvelle plutôt que les nouvelles, allons rendre ce service auquel on pense depuis quelques temps, regardons notre voisin comme un prochain à aimer,… Ce pas vers la sainteté nous comblera et nous donnera envie d’en faire un deuxième puis un troisième. La sainteté appelle la sainteté, Dieu nous appelle à être tous saints.

P. Arnaud Mougin

Vision pastorale _ édito oct 2022

Comment voyons-nous notre paroisse dans 3-5 ans ? Quels sont les rêves qui nous habitent pour cette belle communauté de Sainte-Rosalie, comment imagine-t-on l’avenir ? Que voudrait-on faire découvrir à un ami qui reviendrait dans quelques années après un long voyage ? Quelle paroisse veut-on offrir aux enfants du quartier pour qu’ils puissent grandir sereinement ?

Ces questions n’occupent certainement pas nos pensées du quotidien, elles ne nous empêchent pas de dormir, mais il faut pourtant se les poser de temps en temps. La vie en général est un chemin, la vie chrétienne encore plus (“Je suis le chemin, la vérité, la vie” Jn 14,6), il peut donc être bon d’avoir une petite idée de la prochaine étape si on éviter de tourner en rond ou de rester assis sur le bord de la route.

Ce sont des questions que je me pose également, évidemment, en tant que curé. Surtout pour une deuxième rentrée. La première année est nécessaire pour connaître la paroisse, en voir la beauté, rencontrer les uns et les autres et apprendre à se repérer. Mais quand les marques sont à peu près prises, quand on a l’impression d’avoir intégré les différentes réalités de la paroisse, les questions arrivent : “So, what’s up ?”, “qu’est-ce qu’on fait maintenant ?”, “où va-t-on ?”. C’est aussi la question que reçoit saint Pierre : “quo vadis ?”.

Pour y répondre, nous devons avant tout nous interroger sur l’histoire de la paroisse, en retrouver l’A.D.N. Pour savoir où l’on veut aller, il est bon de savoir d’où l’on vient. Nous sommes chrétiens, catholiques, dans le diocèse de Paris mais nous habitons aussi un quartier particulier, avec son histoire propre. Ainsi, tout en appartenant pleinement à l’Eglise, en étant en pleine communion avec notre archevêque, nous pouvons nous demander ce que la paroisse Sainte-Rosalie peut et doit apporter de façon particulière.

Ces questions nous sont posées à chacun, et chacun peut porter sa pierre à l’édifice en proposant des réponses, en en parlant avec d’autres paroissiens et en le rapportant au conseil. Pour ma part, deux choses me semblent émerger. Tout d’abord l’héritage incroyable de sœur Rosalie : pour reprendre ses termes, j’imagine la paroisse comme “une borne sur laquelle tous ceux qui sont fatigués ont le droit de déposer leur fardeau”. Ensuite, et cela correspond aussi à l’œuvre de sœur Rosalie, notre paroisse vit cette mixité sociale qui est un don incroyable dans notre monde individualiste. Aussi, devant l’incertitude de l’avenir, face aux chamboulements, aux peurs et aux replis, il me semble que notre paroisse peut devenir de plus en plus une borne, un lieu où chacun se saura accueilli. Nous pouvons offrir à notre quartier ce home sweet home évoqué le mois dernier où, dans notre fidélité au Christ miséricordieux, nous saurons offrir un oasis de bienveillance au milieu du désert de solitude. Ancrés en Christ, solides comme une borne de granit et donc forts pour soutenir et réconforter tous ceux, nombreux, qui en ont besoin. C’est une première idée qui germe au bout d’un an, une idée que je vous soumets pour être discutée, reprise, enrichie, précisée.

Que voulons-nous faire de notre paroisse ? Bonne réflexion, bonnes discussions,

P. Arnaud Mougin

JMJ à Lisbonne !

La paroisse Sainte-Rosalie sera à Lisbonne pour les JMJ cet été 2023.

Parce que c’est notre doyenné, parce que plus on est de fous plus on rit, nous partirons avec nos paroisses voisines de Sainte Anne et de Saint Albert.

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Une nouvelle année s’offre à nous

Après une semaine dans les Alpes où les paysages magnifiques servaient de cadre aux joies de l’éducation – 16 jeunes qui se formaient pour être animateurs – j’avoue ne pas avoir ressenti une grande hâte à retrouver la grisaille parisienne… Mais, home sweet home, ce fut rapidement une vraie joie de revenir « à la maison » : revoir depuis dimanche les visages des uns et des autres, retrouver cette église qui m’est déjà très chère, se replonger dans cette belle communauté,… tout cela constitua un véritable baume qui rend le retour agréable et apporte beaucoup d’enthousiasme pour cette rentrée.

Joie supplémentaire, les travaux sont quasiment terminés et le résultat est plutôt agréable. Un simple couloir rénové et c’est presque tout le presbytère qui en est illuminé (voir le petit aperçu en photos).

Nous reparlerons des travaux, ce couloir illustre surtout ce que j’espère pour cette année : rendre peu à peu nos murs accueillants, chaleureux. Que l’on soit heureux de s’y retrouver, que l’on ait envie d’y inviter un voisin ou un ami, que l’on puisse y passer comme ça, juste pour dire bonjour, parce qu’on se sent chez soi, parce que c’est notre maison. Cela demandera du temps, « un peu » d’huile de coude et quelques heures de bricolage, mais on se sentira encore plus « chez nous » quand on aura mis soi-même un coup de pinceau ou monté une bibliothèque. Nous avons beaucoup de chance d’avoir autant de salles, un bâtiment en bon état, sans même parler de la cour – miracle au milieu du béton parisien – notre responsabilité est de les entretenir et de les embellir. Et puisque nous avons la chance d’accueillir régulièrement beaucoup de monde dans nos salles, ce sera aussi un beau témoignage de charité de recevoir ces personnes dans des lieux agréables.

Bonne rentrée à tous, je vous redis ma joie d’être parmi vous.

P. Arnaud

Vive les vacances !

Chers paroissiens, chers amis,

Nous voici arrivés à la période estivale, période de vacances pour les enfants, parfois pour les parents. Période de transhumance pour certains qui rejoignent leur famille, une maison, une région habituelle. Période plus sobre aussi en paroisse où beaucoup d’activités comme le catéchisme, les formations du jeudi, les répétitions et les divers ateliers s’arrêtent. Période parfois plus amère pour certains, pour ceux qui n’ont pas la chance de partir, ceux qui continuent à travailler, ceux qui sont attachés au rythme de l’année, à telle ou telle activité. Qu’on se réjouisse ou qu’on s’inquiète de cette période estivale, il est bon de l’anticiper, d’y réfléchir et de savoir ce que l’on veut en faire.

Changer de rythme, s’arrêter peut s’avérer douloureux ou angoissant suivant les personnalités mais cela demeure nécessaire. Dès les premières pages de la genèse, le récit de la création aboutit au septième jour où Dieu marque une pause : “Dieu acheva au septième jour son œuvre qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite” (Gn 2:1-2). Mais ce que l’on traduit habituellement par “se reposa” est le mot hébreux Shabbat qui peut aussi être traduit de bien des façons : Dieu se reposa, Dieu s’interrompit, Dieu mit un terme, Dieu célébra,… autant de verbe qui traduisent Shabbat. Ainsi on comprend que Dieu n’est évidemment pas fatigué après son œuvre de création mais qu’Il sait s’arrêter pour contempler, se réjouir de ce qu’Il a fait et voir que tout cela est beau.

Tout cela peut déjà nous éclairer sur la façon de vivre ce temps d’été.

Il s’agit déjà de mettre un terme à une période, comme un met une borne pour délimiter un champ, afin de ne pas s’emballer dans une activité sans fin. Savoir appuyer sur le bouton pause, relever la tête du guidon pour voir où on est, le chemin parcouru. C’est aussi le sens du repos : se re-poser c’est se poser à nouveau. On a choisi un chemin en début d’année, une direction, une activité,… on se pose à nouveau pour regarder ce qui a été fait.

Cette pose et cette pause permettent une récréation : en arrêtant de s’agiter, de courir, de faire tourner telle ou telle question (comme un hamster dans sa cage), on va pouvoir créer à nouveau, re-créer. Comme un lac qui retrouve sa tranquillité le soir après le départ des baigneurs, nos pensées sont plus claires, plus limpides quand l’agitation cesse. Le fond du lac apparaît avec ses trésors de couleurs, de même la pause donne le temps d’un regard plus profond sur ce qui a été fait, une vue d’ensemble devient possible et nous pouvons, tout comme Dieu, voir ce qui a été bon. Et on a le droit de s’en réjouir, d’être fier du travail effectué. Le regard de Dieu est toujours bienveillant ; en épousant ce regard, on applique cette bienveillance sur la période passée, sur ce qui a été réalisé. Tout ne sera jamais parfait, ce serait de l’orgueil de le regretter mais tout peut acquérir du sens.

Ce temps estival sera alors l’occasion de célébrer ce qui a été fait, d’en faire mémoire, de le raconter, le partager. En rendant grâce à Dieu pour le chemin parcouru, pour les joies ou les simples sourires qui ont pu parsemer cette période, on verra qu’Il était présent, que ce qui a été semé n’est pas perdu. On pourra se re-poser en Dieu, renouveler notre confiance en Lui et ainsi apprendre à… dormir ! Dormir fait partie du repos et ce peut être aussi un bel exercice de confiance en Dieu. Charles Péguy, prêtant ses mots à Dieu, nous en montre l’évidence :

“ On me dit qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Qui ne dorment pas… Je les plains. Je leur en veux même un peu. Ils ne me font pas confiance. Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point, innocents dans les bras de Ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. Ils ont la vertu de travailler. Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir…. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.”

Bonnes et saintes vacances à tous, reposez-vous bien.

P. Arnaud