Outre une boucle magnétique présente dans toute l’église pour les appareils auditifs, la paroisse Sainte Rosalie accueille régulièrement la communauté des personnes sourdes et malentendantes. La messe est alors traduite en Langue des signes (LSF) et prépare un accueil spécifique.
L’édito du curé pour expliquer cette nouveauté :
Pour être honnête, je me suis demandé plus d’une fois ce qui m’était passé par la tête lorsque j’ai répondu “pourquoi pas ?” au vicaire général qui me disait que le diocèse cherchait un prêtre accompagnateur de la communauté sourde. Notamment lors des semaines de cours intensifs où l’on réalise que l’apprentissage d’une langue ne se fait pas, à 50 ans, avec la célérité du collégien de 12 ans… Que suis-je donc allé faire dans cette galère ? Sauf que la galère en question est quand même très sympathique ! Que ce soit les personnes sourdes de l’aumônerie, celles du Vicariat des Personnes Handicapées au diocèse, les enseignants (sourds également) de l’école Visuel, les autres élèves qui s’intéressent à cette langue pour des raisons très diverses, tous manifestent une belle solidarité et un accueil très chaleureux envers les entendants qui se forment. Et les personnes rencontrées pendant les cours, la plupart athées et d’horizons très (très) diverses, tous sont très heureux de découvrir que l’Eglise accueille activement la communauté sourde.
Tout cela pour vous dire que, malgré quelques inquiétudes (passagères !) sur mes capacités d’apprentissage, je suis persuadé que l’accueil de messes traduites en LSF (Langue des Signes Française) constitue une véritable bonne nouvelle pour notre paroisse. Sans bien savoir comment tout cela se fera, j’ai l’intime conviction que non seulement la paroisse accueillera très chaleureusement nos frères et sœurs sourds mais que ce sera une grande source de grâces. Nous allons être déplacés, au sens propre comme au figuré. Il faudra en effet leur laisser les places juste devant l’ambon afin qu’ils voient le mieux possible l’interprète, mais nous serons aussi interpellés, peut-être même bousculés – espérons-le – par leur témoignage de foi, par leur vitalité (dont je suis déjà le témoin ébloui) et surtout par cette capacité à dépasser le handicap. Là où la parole semble à première vue bloquée (et ce n’est pas rien la parole pour un chrétien), la difficulté est dépassée par une inventivité, une créativité tout à l’image de Dieu. Ce qui devait entraver la vie, la limiter vient finalement réveiller des capacités inespérées, des facultés insoupçonnées dans l’homme. La vie est décidément plus forte que la mort, cette vie donnée par Dieu sait se frayer mille chemins lorsqu’un obstacle survient.
Si certains, dont nous faisons trop souvent partie, ont des oreilles et n’entendent pas(Ez 12, 2 ; Jr 5, 21), nous allons voir de nos yeux que ceux qui n’ont pas ce précieux sens de l’ouïe savent parfaitement entendre la Parole de Dieu et qu’ils ont en plus l’audace et la joie pour la mettre en pratique (Jc 1, 22). Que le Seigneur soit béni pour cette belle grâce qui nous est donnée.
P. Arnaud