Hommage rendu à la bienheureuse Rosalie
Le dimanche 13 février, nous honorerons notre co-patronne – et quasi fondatrice – la bienheureuse Rosalie Rendu ; occasion de nous interroger sur ce que notre paroisse peut apporter au quartier. C’est en effet grâce à son dynamisme que notre communauté existe : l’article de Geneviève Boisard nous montre son impulsion essentielle aux origines de notre paroisse, le père Hubert avec l’Action Catholique illustre largement la continuité de ce souci des plus démunis et l’interview de Dominique Buc nous en raconte l’actualité. Ainsi, enfants de cette paroisse, héritiers du charisme de sœur Rosalie, nous sommes, de quelque façon, nous aussi des fils et des filles de la Charité ! Cependant, si toutes les Filles de Charité, à la suite de Vincent de Paul, ont consacré leur vie aux plus démunis, notre co-patronne va plus loin : elle « organise la charité ». Par son attention toute particulière aux personnes, elle perçoit leurs besoins essentiels, elle invente ainsi une crèche pour éviter aux jeunes mères de s’arrêter trop longtemps de travailler, elle facilite l’instruction des jeunes pour les sortir du cercle de la misère, crée un hospice pour personnes âgées,… Notre Rosalie déborde d’inventivité !
Pour savoir comment vivre et honorer ce bel héritage aujourd’hui, apprenons comme elle à ne « jamais si bien faire oraison que dans la rue » : à scruter notre quartier, ses habitants pour nous rappeler que « sous ces haillons se cache notre Seigneur ». En eux, le Christ continue de crier « j’ai soif ». De quoi nos voisins ont-ils soif ? En priant pour eux, en restant attachés au Seigneur lorsque nous parcourons ce quartier, il faudrait sans cesse nous interroger : qu’est-ce qui, comme Rosalie, nous « ôte l’appétit à la pensée que tant de familles manquent de pain » ? Le pain matériel ne fait quasiment plus défaut mais d’autres faims demeurent criantes. Des secours existent déjà, nous y participons et c’est une belle réalité, mais Rosalie nous pousse plus loin : « le petit secours ne peut durer longtemps, il faut viser un bien plus complet, plus durable, étudier leurs aptitudes, leur instruction, leur procurer un travail afin de les aider à sortir de l’embarras ».
Je me pose donc cette question : comment puiser dans ce bel héritage de la sœur Rosalie pour être davantage fils et filles de la Charité ? Une première piste m’apparaît après ces premiers mois : beaucoup de nos voisins semblent épuisés voire accablés. Je me souviens alors de cette phrase que notre bienheureuse avait entendu de son parrain et qu’elle aimait répéter, comment notre paroisse peut-elle devenir davantage « une borne qui est au coin d’une rue et sur laquelle tout ceux qui passent puissent se reposer et déposer les fardeaux dont ils sont chargés » ? Une paroisse où il fait bon se poser, se réchauffer, partager une joie, un souci et repartir le cœur plus léger, nourri de cette charité ? Gardons ces réflexions semées au creux de l’hiver, quand les graines germent en terre, et que la sœur Rosalie intercède pour qu’elles produisent du fruit.
P. Arnaud Mougin