Ils sont nombreux, et même innombrables, ces saints que nous fêtons chaque 1er novembre, ils dépassent largement les 365 créneaux de nos calendriers. Chacun est unique ; chacun est ancré dans une époque, une culture, une spiritualité ; et chacun a quelque chose à nous dire de Dieu. Tous ils nous invitent, par l’exemple de leur vie, leurs écrits, leur martyr parfois, à recevoir et à vivre pleinement cette vie reçue de Dieu. Certains, comme la petite Thérèse, sont nés dans un environnement privilégié (un couple de parents saint et des sœurs qui allaient toutes se consacrer dans la vie religieuse…), d’autres ont connu des parcours plus tortueux (saint Charles de Foucault, saint Augustin, saint Paul, sainte Marie-Madeleine,…) mais tous nous invitent à les suivre.
L’Église nous les donne en modèle non pas pour récompenser les bons élèves et nous faire rougir de nos manques de foi, mais bien plutôt pour nous montrer que nous sommes tous appelés à la sainteté. S’il existe autant de saints et d’histoires particulières, uniques, si tous ces hommes et ces femmes de conditions diverses, d’intelligences très inégales sont devenus saints c’est qu’il n’y a pas une route unique ni un seul mode d’emploi. Impossible de se croire égaré, trop loin du chemin vers Dieu, pas assez ci ou trop comme ça : la diversité des saints nous montre qu’il n’existe pas de profil type, aucun portrait robot dont on pourrait se sentir éloigné : Dieu appelle qui Il veut, le casting est sans filtre.
Tous saints ! Ça devrait donc être le mot d’ordre, la devise de chacune de nos paroisses et communautés. On ne peut pas choisir moins que la sainteté : c’est la voie du bonheur, la vie véritable. Mais c’est peut-être là que le bât blesse : on ne croit pas à ce bonheur. On envisage la sainteté comme quelque chose de très honorable, très beau sur le papier, mais (un peu) ennuyeux dans la réalité. À nouveau on met le saint dans une petite case où, une fois converti, il passe son temps à genoux à prier, sourire, dire oui à tout, bref une vie pas très drôle dont on n’a pas vraiment envie. Pourtant si nous parcourons quelques vies de saints nous verrons vite qu’ils gardent toute leur personnalité et leur caractère. Ils restent eux-mêmes mais choisissent de vivre pleinement. Ils quittent leur métro-boulot-dodo, ils refusent la vie restreinte qu’on leur propose pour choisir l’aventure d’une vie vécue, la joie du don, les grâces de l’amour. Les saints sont des gens heureux, d’un vrai bonheur qui n’a rien à voir avec ce que nous proposent les publicitaires.
Osons ! Tentons au moins la sainteté pour une semaine, pour un mois. Choisissons d’écouter la bonne nouvelle plutôt que les nouvelles, allons rendre ce service auquel on pense depuis quelques temps, regardons notre voisin comme un prochain à aimer,… Ce pas vers la sainteté nous comblera et nous donnera envie d’en faire un deuxième puis un troisième. La sainteté appelle la sainteté, Dieu nous appelle à être tous saints.
P. Arnaud Mougin